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Le Parc national des Cévennes est un vaste territoire protégé situé au sud du Massif central, à cheval sur les départements de la Lozère, du Gard et, dans une moindre mesure, de l’Ardèche. Créé en 1970, il constitue l’un des dix parcs nationaux français et se distingue par son caractère habité, son histoire humaine millénaire et ses paysages profondément modelés par l’homme, où la nature et les activités rurales coexistent en harmonie. Il s’étend sur près de 935 km² de zone cœur et plus de 3 800 km² d’aire d’adhésion, faisant de lui l’un des parcs les plus vastes et les plus diversifiés d’Europe occidentale.
Le parc est structuré autour de plusieurs entités géographiques majeures : les monts Lozère, vaste plateau granitique aux formes arrondies, où naissent les sources du Tarn et du Lot ; les monts Aigoual, aux forêts profondes et aux crêtes balayées par les vents ; les Cévennes schisteuses, aux vallées encaissées et aux pentes abruptes recouvertes de châtaigniers ; et les causses calcaires, vastes plateaux arides entaillés de gorges spectaculaires comme celles du Tarn, de la Jonte ou de la Dourbie. Cette diversité topographique donne naissance à une mosaïque de paysages uniques, alternant forêts denses, landes ouvertes, hauts pâturages, cultures en terrasses, villages perchés et zones sauvages quasi inaccessibles.
Sur le plan climatique, le parc bénéficie d’une rencontre singulière entre les influences continentales, atlantiques et méditerranéennes, engendrant une biodiversité remarquable. On y recense plus de 2 400 espèces végétales, dont certaines endémiques ou relictuelles, et environ 2 500 espèces animales, parmi lesquelles figurent des espèces emblématiques : le vautour moine, le gypaète barbu, l’aigle royal, le loup gris revenu naturellement depuis les années 1990, ou encore le cerf élaphe, le castor d’Europe et la loutre. Le parc constitue également un haut lieu de l’entomologie, avec une richesse exceptionnelle en papillons, libellules et coléoptères.
Mais le Parc national des Cévennes se distingue surtout par son intégration de l’homme dans son dispositif de préservation. Contrairement aux autres parcs nationaux français, il est le seul à inclure des communes habitées dans sa zone cœur, ce qui en fait un modèle de cohabitation entre activités humaines et conservation de la nature. L’agriculture y est omniprésente, avec la présence de pâturages extensifs, de vergers de châtaigniers, de terrasses cultivées, et d’élevages de brebis, chèvres et vaches. Cette agriculture traditionnelle, respectueuse des équilibres naturels, contribue à façonner les paysages et à maintenir une biodiversité liée aux pratiques pastorales.
Le patrimoine bâti est également d’une grande richesse : fermes cévenoles aux toits de lauze, clèdes à châtaignes, moulins à eau, ponts de pierre, villages en amphithéâtre et temples protestants témoignent de plusieurs siècles de vie montagnarde et de luttes identitaires. Les Cévennes furent en effet le théâtre de l’insurrection des Camisards au début du XVIIIe siècle, résistance protestante contre la monarchie catholique, profondément ancrée dans la mémoire collective.
Le Parc est également reconnu pour la qualité de son ciel nocturne exceptionnel. En 2018, il a été labellisé Réserve internationale de ciel étoilé (RICE), devenant ainsi la plus grande zone protégée d’Europe contre la pollution lumineuse. Ce statut attire les amateurs d’astronomie et les passionnés de nature nocturne, autour de sites comme le Mont Aigoual, les causses ou l’observatoire des puechs.
Les activités de plein air sont nombreuses dans le parc : plus de 5 000 km de sentiers balisés permettent la randonnée pédestre, équestre ou VTT. Des itinéraires mythiques tels que le GR70 - Chemin de Stevenson, le GR7 ou le Tour du Mont Lozère traversent des paysages spectaculaires et des villages préservés. On y pratique aussi le canyoning, le kayak, le spéléo, l’escalade, la raquette ou le ski de fond sur les hauteurs enneigées du Lozère en hiver.
Le Parc national des Cévennes travaille en étroite collaboration avec les habitants, les collectivités et les agriculteurs à travers la charte du parc, qui encadre le développement durable du territoire. Cette charte vise à soutenir une économie de proximité, à valoriser les produits du terroir (miel, châtaignes, fromages, charcuterie, plantes médicinales…), à développer un tourisme responsable, et à favoriser la transmission des savoir-faire traditionnels.
En 2011, l’UNESCO a reconnu une grande partie du territoire cévenol comme patrimoine mondial de l’humanité au titre des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen, saluant ainsi la capacité de cette région à entretenir un équilibre séculaire entre l’homme et la nature.
Le Parc national des Cévennes est un territoire rare, profondément vivant, où le sauvage et l’humain s’entrelacent dans un ballet naturel, lent, exigeant et infiniment poétique. C’est une terre de contrastes et de résistance, d’altitude et de lumière, de mémoire et d’avenir.